O Bièvre que j'aimais

Je crois bien que déjà beaucoup t'ont oubliée,
O Bièvre que j'aimais et qui coule cachée..
Jeanne pleurait jadis sur sa Meuse charmante,
Qui coulait de son .temps mais qui encor l'enchante:
Mais toi, Bièvre, témoin de mes jeunes années
Tu cesses de couler dans ta propre. vallée...
Les hommes d'aujourd'hui nous font des autoroutes,
ces chemins ombragés sont devenus des routes.
Et tous ces beaux jardins, qui séduisaient Péguy,
Que dominait le chêne où s'accrochait le gui
Et ses charmants oiseaux qui peuplaient tous les trembles
Qui les retrouverait parmi les grands ensembles ?
Qui peut encore parler du lointain Palaiseau .
Et qui reconnaîtrait ce qui fut un coteau?
Nul ne se souvient plus de la plaine romaine.
Où la bergère allait tout en filant sa laine.
Qui peut pêcher, rêvant, tout près de l'abreuvoir,
Savourant un vin frais en attendant le soir,
Mélancolique un peu dans ce charmant décor ?
O Muse que j'aimais, Bièvre que j'aime encor.

1961
Hilaire Danerole habitant d'Arcueil

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